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Le Giro vu de mon canapé
19 mai 2017

Onzième étape : Firenze (Ponte a Emma) - Bagno di Romagna 161 km (Le 17 mai 2017)

 

 

LES INTRIGUES DU POUVOIR

 

 

Il y avait comme un petit air de Renaissance au départ de Firenze. Dumoulin, beau comme le David de Michel-Ange, s’habillant des apparats d’un Laurent de Médicis, voulait régner sur son peuple. A l’instar de la France qui a élu un jeune et nouveau Président de la République, le Giro s’est blotti dans les bras juvéniles du néerlandais. Oui, mais voilà, les intrigues de Palais, les compromissions dans les coulisses du Pouvoir, les complots formentés par la jalousie des laissés-pour-compte, les inimitiés des dinosaures, ne font pas de l'exercice du Pouvoir un long fleuve tranquille. Cette étape en fut en tout point un formidable exemple. Les désordres qu’engendrent les changements se sont exprimés d'entrée. Dans le Passo della Consuma tout le monde a voulu tester la nouvelle équipe dirigeante. Résultat, une zizanie terrible. Des coureurs étaient éparpillés par petit groupe tout au long de ce col de deuxième catégorie.

 

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Nous pénétrions dans l’Italie verte, dans ces parages né le Tibre, le fleuve sacré qui traverse Rome. Les Apennins sont de vieilles montagnes aux pentes douces recouvertes de forêts. Les vallées se succèdent, les coureurs sautant de col en col, franchissant les lignes de crêtes, longeant parfois de belles rivières encore sauvages. Aux sommets de ces passi, la route se dégage des forêts de fayards, de châtaigniers, de chênes pour gravir des dernières pentes à découvert. On découvre alors un paysage montagnard avec ses sentiers qui épousent les lignes de crêtes, ses sommets aux roches volcaniques coiffés d'une croix ou d'une Madonne. Ces paysages qui me sont tellement familiers, qui sont la copie conforme de ceux d’où je viens. Loin des fastes des villes, la modestie des villages rappelle la dureté de la vie dans ces campagnes. Ils ont le charme suranné des coins perdus, la beauté du temps qui passe inexorablement, et celle du  temps qu'on prend à le laisser filer.

 

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Si les pentes de cette étape appenninica ne seront jamais à la hauteur des pourcentages effrayants des Alpes, il ne faut pas négliger la difficulté du jour. Quatre cols au programme, 161 km sans replat toujours en prise. Il n’y aura pas de grand écart entre les favoris, mais ce genre d’étape pèse dans les jambes, et elle pourrait les creuser dans la dernière semaine, ces derniers jours où la récupération aura autant d’importance que le talent brut.

 

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On se demandait comment les Sun Web du leader allaient répondre aux défis qu’on ne manquerait pas de leur proposer. A en croire cette étape, Tom « Le Magnifique » parait avoir pris la mesure de sa fonction. C’était une partie d’échec où il fallait déplacer ses pions avec prudence pour ne pas tout perdre. Les Movistar de Quintana, en plaçant le très bon Amador à l’avant et en mesure de revêtir le maillot rose avait blindé leur position. Nibali dont l’équipe est limitée, avait envoyé Visconti dans l’échappée. Tant qu’Amador ne prenait pas un avance indécente, inutile de bouger, les Barhain-Merida tentaient la victoire d’étape. Une fois le peloton remis en ordre au pied de la deuxième bosse de la journée, les Sun Web ont géré parfaitement les manœuvres de leurs opposants. Isolé par ce premier coup de feu, Dumoulin récupéra ses équipiers. Ils dictaient le tempo tout au long de la journée, limitant l’écart avec Amador en deçà des 5 mn sans vouloir tout à fait revenir. Ce petit jeu obligea la FDJ de Pinot ou les Trek de Jungels à collaborer. L’intérêt était commun. 

 

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Le Fumaiolo, l’une des routes qu’aimaient emprunter Pantani - dont le fantôme est omniprésent, écrasant de son poids la course actuelle – serait le juge de paix de l’étape. Dans ses pourcentages les plus élevés, Nibali, comme souvent, fut le seul à tenter de renverser le récent pouvoir. Ce fut plus un allungo, comme on dit en Italie, qu’une attaque franche et sèche. Si le groupe des favoris ne lâcha rien, Dumoulin contrôlant sans problème, Quintana se cachant toujours dans les roues, Pinot était le plus propice à accompagner l'italien, il contra même à quelques mètres du sommet. Sans réel espoir de faire la différence dans la descente, il se releva. L’action de Nibali écarta pourtant deux des outsiders de ce Giro. Kruijswijk et Thomas ne seront pas sur le podium à Milan. Ils sont aujourd’hui trop limités pour avoir cette prétention.

 

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En cyclisme on a souvent l’habitude de parler de deux courses en une. Si nous scrutons avec délice les mouvements des coureurs intéressés par la victoire finale, les coureurs qui animent les échappées méritent aussi un regard. Aujourd’hui, Omar Fraile, un espagnol élancé comme un lévrier, a été étincelant. En tête pendant de longs kilomètres avec son compères Landa, Fraile contrairement à lui, prit les roues du gros groupe de poursuivants qui s’était constitué dans la Consuma. Dans le dernier col, Pierre Rolland s’envola suivi seulement de notre espagnol du jour. Rui Costa, dont la pointe de vitesse n’est plus à rappeler, les reprit dans la descente.  Sorti du groupe des poursuivants, Kangert rentra dans les roues au terme d’un exercice impressionnant de poursuiteur. Sous la flamme rouge, il ne restait plus que quelques secondes aux quatre pour préparer leur sprint de Bagno di Romagna. Rentreraient, ne rentreraient pas, le suspense était total. Et Omar Fraile, malgré ses 120 km à prendre le vent, réussit à aligner tout ce beau monde. Un véritable exploit pour ce coureur peur habitué à fréquenter les miss des podiums.

 

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Visconti vint s’écraser dans les roues, classé dans le même temps, mais lui et l’Italie sont toujours bredouille et en train de battre un record négatif. Pas de victoire après onze journée, ce n’est arrivé qu’une seule fois dans l’histoire du Giro, en 2010, où il a fallu attendre la 12ème étape pour voir un italien sur le podium. Le cyclisme italien est sans doute dans l’une des périodes les moins fastes de son histoire. On comprend mieux alors les multiples références à Marco Pantani. Heureusement, le public ne boude pas son Giro. Je suis impressionné par l’accueil que lui réserve les gens. Tous les villages se parent de rose avec des centaines de ballons, des maillots, des drapeaux, des franges de papiers, des vélos qu’on accroche un peu partout. Comme au Tour, on rivalise pour faire des dessins, des messages, des petits mots que nous dévoile l’hélicoptère. Le 100 est à l’honneur et il a remplacé, très souvent le W II GIRO (vive le Giro) qu’on lisait avant. Comme on disait avec mon père, le Giro ressemble vraiment de ce côté-là à des « cyclos » comme l’Ardéchoise. Comme on dit d'une ville, il est de taille humaine. 

 

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Pierre Rolland rate le coche dans la onzième étape

Omar Fraile (Dimension Data) a remporté la onzième étape du Giro. Il devance Rui Costa (UAD) et Pierre Rolland (Cannondale). Le Français s'est glissé dans la bonne échappée mais n'a pu rivaliser au sprint.Un groupe de 25 coureurs s'est retrouvé à l'avant dès la première des quatre montées du jour dans cette étape longue de 161 km.

https://www.lequipe.fr

 

 

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